Comment faire son deuil après la mort d’une personne aimée ou après une séparation ? Quel soutien psychologique rechercher ?
Le deuil est une des plus grandes épreuves de la vie qui, un jour ou l’autre, atteint chacun de nous.
Source d’une grande souffrance, d’une véritable douleur morale, d’un profond désespoir, de dépression et de manifestations fonctionnelles variées, le deuil peut remettre en question un certain équilibre psychologique. Comment faire son deuil lorsque l’on est seul ou que l’on ne sait pas vers qui se tourner ?
Vous vivez un deuil, quelques enseignements qui peuvent vous aider…
Donnez-vous le temps car il est nécessaire et n’a pas de durée. Il varie d’une personne à l’autre. Peu à peu, vous éprouverez moins de douleur au souvenir de la personne disparue. Il n’existe pas de recettes pour diminuer l’intensité et la durée de la tristesse et le sentiment d’effondrement. Ne luttez pas contre la souffrance et les différentes émotions qui s’y rattachent, acceptez de les traverser. Dans ces moments difficiles, évitez de prendre des décisions hâtives que vous pourriez regretter par la suite.
Le deuil est un moment très difficile à traverser, il vous faut être patient envers vous-même et envers les autres. Vos proches ne comprennent pas toujours ce que vous ressentez. Entourez-vous de personnes avec qui vous vous sentez bien et à qui vous pouvez vous confier. Il est nécessaire d’exprimer son chagrin et son désarroi car les garder pour soi est un poids trop lourd à porter.
Le travail de deuil demande beaucoup d’énergie et vous devez éviter une fatigue excessive en vous accordant des moments de détente, de loisirs ou de congés.
Certaines personnes rapportent l’impression de devenir folles et elles sont submergées par des pensées et des émotions qui ne leur appartiennent pas habituellement. Ce sont là des réactions normales qu’il est possible d’accepter.
Quand le poids du chagrin vous submerge ou qu’il se prolonge si longtemps que votre vie est ébranlée par cette perte et que votre quotidien est bouleversé, vous êtes anéanti physiquement et mentalement par la douleur. Ne restez pas seul, demandez de l’aide à vos proches ou à des professionnels. Vous pouvez aussi vous tourner vers une association ou un mouvement d’entraide.
Qu’est-ce que le deuil ?
Le deuil est l’ensemble des réactions physiques, psychologiques, affectives et comportementales à la perte d’une personne aimée, mais aussi d’un animal, d’un objet ou d’une valeur auxquels on est fortement attaché. Il est justement déterminé par la nécessité de modifier cet attachement du fait de la disparition.
Depuis les temps les plus reculés, le deuil désignait nécessairement les réactions sociales entraînées par la mort d’une personne, c’est-à-dire l’ensemble des usages, coutumes, rites et restrictions imposés impérativement en cette circonstance. D’où l’expression ” être en deuil “.
A présent, le deuil désigne de plus en plus la réaction psychologique, subjective, personnelle ou familiale, à la seule perte de quelqu’un ou de quelque chose d’important et l’expression ” faire son deuil “, dans le sens de devoir accepter une perte, n’est pas toujours employée à bon escient. La mort reste cependant toujours au cœur du deuil en raison de son universalité, de son implacabilité, de sa radicalité et de son irréversibilité. Elle constitue la perte et la limite par excellence et la mort de la personne aimée nous préfigure la nôtre.
Comment se déroule le deuil ?
Chaque deuil est différent en raison de la relation unique qui unissait l’endeuillé à la personne disparue, mais tous les deuils suivent généralement trois étapes :
- Le choc de tout l’organisme sur tous les plans : émotionnel, physique, relationnel. Il est particulièrement net en cas d’accident ou de mort brutale ou inattendue, mais il existe aussi dans les maladies graves à l’annonce du pronostic fatal à terme
- L’état de dépression réactionnelle qui lui succède assez rapidement. C’est un authentique état dépressif avec son atteinte habituellement modérée de l’état général sous forme de troubles de l’appétit, de la sexualité et du sommeil, d’une intense fatigue et d’une souffrance profonde avec désintérêt pour le monde ambiant, difficultés de fonctionnement et d’intenses inhibitions.
- Bien plus tard, apparaît l’acceptation qui se ressent par une forme de soulagement, d’abord au cours des rêves. La terminaison du deuil se manifeste dans l’élaboration de nouvelles entreprises et de la formation de nouveaux attachements.
Quelle est la signification psychologique du deuil ?
Le processus du deuil est l’expression manifeste des effets du travail psychologique inconscient (travail du deuil) qui s’effectue au travers de la souffrance et d’un mouvement de régression psychique. Il se fait essentiellement dans trois dimensions :
- La reconnaissance de la réalité de la perte et elle n’est pas immédiate. Cette réaction de refus est tout à fait normale. La reconnaissance est porteuse de détresse et de souffrance. Sans souffrance, il n’y a pas de deuil.
- Le renforcement des liens intérieurs avec la personne perdue. Toute la vie de la personne en deuil y est consacrée. C’est au travers de la reviviscence des souvenirs que s’effectue le nécessaire travail de détachement vis-à-vis de personne disparue.
- La prise en compte des sentiments inconscients de culpabilité. Elle est également nécessaire au cheminement du travail de deuil et responsable en partie de la douleur.
Ces sentiments sont en relation avec la nature toujours ambivalente de tous les attachements, même si nous refoulons immanquablement les tendances hostiles qui ne manquent pas de les accompagner, au moins à certains moments.
Il serait erroné de comprendre le détachement du travail de deuil comme une nouvelle perte, celle-ci intérieure, de la personne disparue. Il s’agit plutôt d’une transformation de la relation qui existait avec la personne aimée décédée. Après quoi, les souvenirs deviennent quasiment inaltérables. La difficulté vient plutôt du renoncement à un avenir commun qui n’est plus possible.
Le deuil peut se compliquer sur le plan physique, psychologique et comportemental.
Sur le plan physique : des complications peuvent survenir assez rapidement, en particulier dans le domaine cardio-vasculaire, mais elles sont souvent différées au cours de la première année du deuil et parfois bien au-delà. Une maladie chronique préexistante peut se décompenser sous l’effet d’un tel traumatisme. De grandes enquêtes épidémiologiques ont montré de manière indiscutable, une surmortalité significative chez les personnes en deuil et tout particulièrement chez les hommes d’un certain âge. C’est aussi chez eux qu’est retrouvée une surfréquence de suicide et d’accidents dans les suites du deuil.
La santé physique des femmes est atteinte dans de bien moindres proportions. L’explication vraisemblable de cette différence se trouve dans le fait que les hommes, surtout les plus âgés, ne savent pas manifester leurs émotions douloureuses; ils ont habituellement tendance à se renfermer, à transférer sur un excès de travail, un abus d’alcool ou de tabac.
Sur le plan de la santé mentale : des manifestations bruyantes et désordonnées durant les premiers temps du deuil n’engendrent pas nécessairement de complications. Au contraire, la principale et première complication psychologique du deuil est son absence : l’endeuillé ne paraît pas souffrir, il n’en montre rien, il n’en parle pas. Il semble continuer comme si de rien n’était. Mais nous savons que le deuil est inévitable et obligatoire et qu’il devra se manifester un jour d’une manière ou d’une autre. Les autres complications psychologiques du deuil sont constituées par l’échec des mouvements psychiques qui doivent normalement s’opérer :
- Le refus de la réalité n’est pas dépassé, il devient un déni
- L’intériorisation ne donne pas lieu à séparation mais à la poursuite d’une vie illusoire avec le défunt à l’intérieur de soi, des identifications négatives se font jour, en particulier avec les symptômes de la maladie de la personne perdue
- Des sentiments inconscients de culpabilité trop forts entraînent par projection, la peur de la vengeance du mort, la crainte des revenants et des mauvais esprits
Sur le plan du comportement, le deuil se complique essentiellement par la prise de risques pouvant conduire au suicide, à la mort par accident et par des ennuis d’importance variable.
La mort d’un enfant
La mort d’un enfant contrevient au cycle habituel de la vie. Perçue comme un événement inacceptable et absurde, elle suscite chez les parents un deuil particulièrement difficile. En effet, que la mort survienne en période prénatale ou périnatale, au cours d’un accident, à l’issue d’une longue maladie ou dans d’autres circonstances, apprivoiser l’inconcevable s’avère souvent compliqué.
Plusieurs rêves, désirs et espoirs sont rattachés à un enfant et disparaissent lors de son décès. La mort d’un enfant représente donc la perte d’un fort investissement affectif.
Bien que le deuil parental puisse prendre plusieurs formes, des manifestations habituelles et des facteurs influant le deuil sont identifiés. La perte d’un enfant provoque un chagrin particulièrement long, éprouvant et complexe.
Le deuil se vit sur le plan physique (bris du lien organique parent-enfant), identitaire (perte du rôle parental), narcissique (dévalorisation) et fantasmatique (perte de l’enfant imaginaire ou désiré). Papin et Hébert, 1996
En tenant compte des particularités inhérentes à la mort d’un enfant, Miles (1985) a élaboré un modèle conceptuel des réactions de deuil chez les parents. Trois phases pouvant se chevaucher ressortent de ce modèle :
- La première phase est caractérisée par le choc, la torpeur, l’incrédulité et la confusion. Cette période permet d’apprivoiser progressivement l’idée de la mort de l’enfant et les parents en gardent peu de souvenir.
- Suit une phase d’intense tristesse et de tumultes émotifs. Pendant cette période, Bowlby (1984) avait reconnu le « désir ardent (viscéral) de l’enfant perdu ». Les parents ont besoin de se souvenir des événements de la vie de leur enfant. Ils se questionnent sur leur rôle, leurs lacunes… Les différentes manifestations habituelles du deuil peuvent alors apparaître. Elles peuvent être d’ordre physiologique, affectif, comportemental ou cognitif.
- La dernière phase correspond à la période de réorganisation durant laquelle les parents reprennent progressivement leurs activités. Ils se découvrent de nouveaux buts et redéfinissent leurs valeurs. Or, même si le chagrin devient moins intense avec le temps, les parents sont vulnérables à sa réapparition, même des années après la mort.
Accompagner, c’est être ni devant, ni après, mais avec…
Accompagner, ce n’est pas avoir un projet pour l’autre, ni se mettre à sa place, mais simplement cheminer à ses côtés, en toute vérité.
Accompagner, c’est être soi-même en face de l’autre, confiant en l’alchimie de la relation.
Accompagner, c’est le faire sans jugement, en toute confidentialité.